Conférence donnée au colloque de la fédération Francophone de Yoga en octobre 2008
LE FEU DE LA TRANSFORMATION
Les Veda sont les plus anciennes écritures de l’Inde et de la tradition du Yoga. Leur élaboration à travers le temps est une œuvre grandiose et celle-ci mérite d’être connue, non seulement pour son contenu, mais aussi pour son histoire.
RENDONS GRÂCE AUX RISHIS
Les Veda sont des enseignements mantriques ou hymnes datant de milliers d’années. Les Rishis, sages de l’Inde, en recevaient l’inspiration en état de méditation. L’hymne était pour le Rishi qui le composait un moyen de progrès spirituel pour lui-même et pour les autres.
L’idée première, parvenue du plus profond de son âme, vibrait en lui, mais elle ne prenait forme et pouvoir que par la force de son mental, s’imprégnant de son expérience personnelle, laquelle se manifestait par ses paroles et ses actions dans sa propre vie. La création de l’hymne était un moyen d’expression lié à son être mais n’était pas un but en soi, le but ultime était la Connaissance de Soi et à chaque pas une transformation profonde vers ce but. Un principe et une attitude que nous retrouverons beaucoup plus tard dans la construction des cathédrales.
Rendons grâce aux Rishis de ces temps anciens non seulement pour le bagage qu’ils nous ont transmis mais aussi pour l’exemple qu’ils nous ont donné sur le plan de l’attitude.
LES HYMNES ET LEUR HISTOIRE
Leur langage est dense, hermétique, obscure, donc difficile à saisir, difficile à comprendre. Ils sont au nombre de quatre : Rig Veda à l’usage des Oblateurs (ceux qui offrent) le Yajur Veda pour les Acolytes, les assistants aux rituels, le Sama Veda pour les Chantres, ceux qui chantent lors des rituels, et l’Atharva Veda pour les chapelains royaux, les prêtres. Chacun ouvrant par une Samhita, une collection d’hymnes et comprenant ensuite un Bhramana, un Aranyaka, une Upanishad, un Srautasutra et un Ghryasutra. Je vous renvoie à une lecture de ces textes si vous souhaitez approfondir chacun.
Le Rig Veda est un témoignage important d’un passé lointain de la pensée humaine. C’est le seul document datant de cette époque ancienne où la connaissance psychologique et spirituelle se dissimulait sous le voile d’images et de symboles concrets offrant un sens pour le profane mais qui ne se révélaient vraiment qu’aux initiés.
Le caractère secret de la connaissance de soi et des Dieux était préservé, car une telle connaissance pouvait être dangereuse pour le mental humain ordinaire. Un esprit non purifié pouvait en faire mauvais usage. Les hymnes favorisaient l’existence, d’une part d’un culte extérieur, d’autre part, d’une discipline intérieure pour l’initié. Les hymnes furent conçus sur ce principe. Derrière les images généralement reliées à la nature, que les humains adoraient, puisque celle-ci assurait leur quotidien, se cachaient secrètement des enseignements sacrés menant à la plus haute réalisation. Ainsi peut-on lire :
« Dresse ta flamme, Agni !
Écartant de moi la Néantise,
Amène-moi du bétail et de quoi vivre,
Montre-moi les orients !
Que grâce à ton assistance, Agni,
Personne ne nuise à nos vaches, à nos chevaux, à nos hommes!
Viens à moi, Agni ! Toi qui apporte la lumière !
Enveloppe-moi de ton éclat ! »
Rig Veda
Nous respectons aujourd’hui ces mêmes précautions en Yoga, dans l’usage de techniques avancées de pranayama et méditation, pour lesquelles l’étudiant doit être suffisamment enraciné et avoir une bonne maîtrise du souffle.
Pour accéder au Raja-Yoga, Patanjali ne précise-t-il pas que l’adepte doit être physiquement confortable dans la posture et mentalement être établi dans Sattva ? Ce qui implique un travail de purification physique et mentale et une harmonisation préalable.
D’un Rishi à l’autre et au fil du temps les Veda se sont développés. Plus tard, les Rishis des Upanishad se sont basés sur les mantras des anciens pour faire progresser leur connaissance, utilisant le même processus : la méditation et leur expérience personnelle. D’autres visions, d’autres perceptions, d’autres formes d’expression et d’autres mots pour le dire. Le langage symbolique disparaît, mythes et images poétiques aussi. Les Upanishad sont plus directes dans leur langage. Ce mouvement de pensée et de spiritualité nouvelle a culminé dans le Vedanta, en prenant une orientation purement spirituelle et laissant de côté définitivement tous les rituels et mantras pour les profanes. Ce qui séparait désormais vie matérielle et vie spirituelle et réservait les hymnes aux ascètes et renonçants.
Quand plus tard les Veda en vinrent à être rédigés par écrit, ce fut une autre histoire. Il était difficile de passer de la transmission orale au langage écrit. La transcription des textes fut confiée à des érudits sous la dictée de mémoriseurs. Ce que nous avons à notre portée actuellement dans les livres, ce sont des retranscriptions et commentaires d’écrivains, théoriciens ou de sages.
Même si à l’origine, les Veda avaient une vocation double, puisque la connaissance et les rituels servaient au profane et à la spiritualité, les Véda étaient destinés avant tout, à servir à l’illumination spirituelle et à la recherche du Soi.
VEDA ET YOGA
Le but du Yoga et des Véda est donc le même : la réalisation de Soi, la réalisation du Soi. Leur origine est la même, ils sont tous deux issus de lignées de Rishis. Ceux-ci en ont eu la révélation sous forme d’enseignements transmis dans l’état de méditation. Avec l’expérience liée à leurs pratiques de Yoga s’est construite cette connaissance védique qui a traversé le temps pour venir jusqu’à nous. Ainsi :
- La philosophie védique apporte-t-elle la théorie, le système de pensée qui procure à la pratique de Yoga une orientation, l’état mental et la vision.
- Le Yoga fournit les techniques dont la pratique permet d’intégrer la sagesse védique de l’Unité. Mantras, Pranayama, Méditation sont inclus dans tous les textes védiques en tant que méthodes de développement personnel et de compréhension du monde.
Dans le contexte des Veda, le Yoga est généralement défini en tant que Yoga-Dharma, une voie spirituelle. Elle comporte un système conçu pour permettre à chacun de révéler un potentiel humain élevé de réalisation de Soi qui est la réalisation de sa vraie nature en tant que conscience pure au-delà du corps et du mental. Le Yoga-Dharma est la principale approche pratique de Moksha-Dharma, la recherche de libération, de la liberté de l’esprit et le but le plus élevé de la vie.
LE FEU DE LA TRANSFORMATION
Agni, le feu sacré, est omniprésent dans le Rig Veda où il est considéré dans sa dimension cosmique comme le métabolisme de l’univers à l’origine des changements, et la lumière qui guide.
Il se situe à tous les niveaux des pratiques et des enseignements en Yoga, où il est à la fois le guide, en tant que Lumière, et le moteur de la transformation.
Agni est en nous, en tant que lumière interne il nous inspire. En tant que feu externe, il est le feu et le soleil qui président à l’action à tous les niveaux. Dedans comme dehors, Agni est notre compagnon, il nous aide à briser le voile de l’illusion.
« Voici le jour noir, voici le jour blanc :
Les deux sphères tournent, grâce à leur science !
En naissant, Agni Vaisvanara, tel un roi,
Par sa lumière refoula les ténèbres».
Rig Veda 6.9
AGNI ET LES PRATIQUES DE YOGA
Les pratiques de Yoga cultivent les feux internes pour nous permettre d’atteindre une vision lumineuse de la réalité. Ces feux internes travaillent notre matière brute, nos désirs humains, nos peurs, nos ambitions, pour les transformer et nous faire vivre des états plus spirituels, plus vastes et plus sublimes. Agni est la force qui suscite la prise de conscience et qui nous pousse à évoluer à travers une recherche permanente de l’Unité, non pas sous forme abstraite, en restant au niveau des idées, mais sous forme d’états d’être. Il ne faut pas réduire le Yoga à un système d’exercices ou à une approche méditative mais lui accorder sa noble place : Le Yoga est une voie d’action, une voie d’évolution de l’Âme et de l’ensemble de notre être à tous les niveaux.
Au niveau de Prana, Agni nous procure la chaleur à l’origine de transformations sur le plan physique et la lumière. Il est la volonté dans le «prana », l’énergie de vie dynamique et dans cette énergie il accomplit les mêmes fonctions. Il purifie, prépare, assimile, élève toujours plus haut et transfigure ses pouvoirs dans les énergies du mental.
« Hommage au Souffle! Sous son contrôle est cet univers.
Il est le maître de toutes choses.
Tout a en lui une assise.
Hommage, ô Souffle, à ta clameur,
Hommage à ton tonnerre !
Hommage, ô Souffle, à ton éclair,
Hommage à toi, Souffle, quand tu pleus ! »
Atharva Veda 11.4
Sur le plan mental Agni correspond une fois encore à notre volonté, celle qui favorise la discipline utile au changement. C’est Tapas dans son rôle cosmique d’ardeur créatrice. Il le purifie par l’action mais aussi par l’aspiration. Quand il pénètre dans l’intellect, il guide les pensées et les énergies actives vers la lumière.
« Celle qui est connaissance et conscience et volonté,
Lumière immortelle dans les créatures,
Et sans qui nul travail ne se fait,
La pensée : puisse ce qu’elle conçoit m’être propice ! »
Vajasaneyi Samhita 34
A un niveau encore plus profond du mental et de l’intelligence, Agni est lumière subtile et chaleur, amenant dans son sillage des visions subtiles. Nous accédons à une fonction de transformation plus intense où les informations, analysées et perçues en profondeur, prennent des significations nouvelles, ouvrant sur une compréhension plus vaste de nous-mêmes et de la vie. Progressivement Agni, dans sa forme supérieure, nous permet d’atteindre des plans élevés qui nous font contacter notre nature dans ce qu’elle a d’éternel.
« Agni sait tendre le fil, il sait tisser :
Il dira en leur temps les paroles qu’il faut!
Berger de l’Ambroisie, il a trouvé le mot,
Bien qu’œuvrant en deçà, il a vu au-delà ! »
Rig Veda 6.9
DANS NOTRE CHEMINEMENT
Dans notre cheminement intérieur en Yoga nous pouvons envisager trois possibilités de pratique pour manifester notre feu intérieur : la parole (le verbe), le Prana et l’intelligence (Buddhi). Ceux-ci se manifestent à trois niveaux : corps, vie et mental : les trois piliers qui soutiennent notre nature profonde, les trois manifestations de notre âme.
Au niveau du verbe : le mantra, la répétition du son sacré, alimente le feu interne qui effectue la purification du subconscient pour nous ouvrir l’accès à la méditation. Symboliquement, le Feu, c’est aussi la Lumière du Soleil, Surya, en tant que Dieu de la connaissance révélatrice, grâce auquel nous pouvons atteindre la vérité la plus haute. Parlant du Soleil :
« Le voici qui revête le giron de la Terre,
Qui revêt le Ciel, le domaine aérien;
Qui au sommet du ciel fauve,
A pénétré les mondes célestes. »
Atharva Veda 13.1
Ce que nous retrouvons exprimé dans la Gayatri. Composée par le sage Vishvamitra, on la trouve dans le Rig Veda et le Yajur Veda. C’est la « Reine des Mantras », connue comme la Mère des Vedas parce qu’elle stimule la révélation et nous permet de comprendre intuitivement la connaissance contenue dans les Vedas en ouvrant notre vision intérieure. Elle nous connecte à la profondeur de l’existence.
Le Maha Mrityunjaya Mantra est un mantra extrait du Rig Veda, un mantra guérissant et nourrissant. Il est, le “Cœur des Vedas”. La force de guérison réveillée par ce mantra envoie ses vagues du corps à la psyché, et de la psyché à l’âme. Il renforce notre pouvoir de volonté, de connaissance et d’action, et développe enthousiasme, courage et détermination. Ce mantra nous connecte au guérisseur intérieur. Sa signification :
Adorons Shiva, celui qui a trois yeux, qui rayonne et nourrit tous les êtres.
Puisse-t-il nous libérer de l’attachement à notre corps et à notre personnalité,
comme le fruit qui se détache de l’arbre, et nous permettre de réaliser notre nature immortelle.
Om Tryambakam yajamahe Sugandhim pushti vardhanam Urvarukamiva bondhanan Mrityor mukshiya mamritat Om
Au niveau de Prana, Agni est la base de la pratique de Pranayama où il augmente le feu de Prana, purifie les nadis du corps subtil, libérant les nœuds ou granthis du cœur. La pratique recommandée à cet effet est Nadi-shoddhana, la respiration alternée.
Agni dans le mental est la base de la méditation, l’intelligence, Buddhi, qui permet de discerner le vrai du faux, le réel de l’irréel, le Soi du non-soi. C’est l’intelligence qui discerne avec clarté et peut résoudre ou supprimer toute confusion et obscurité encore existantes.
YAJNA, LE SACRIFICE VÉDIQUE
Beaucoup d’hymnes sont consacrés au sacrifice védique Yajna. Le mot sacrifice est ici employé dans un sens symbolique pour toute action intérieure ou extérieure, consacrée aux Dieux et au Suprême. Parfois cette offrande aux Dieux est symbolique, d’autres fois le voile est plus transparent. Ainsi est-il comparé à un métier à tisser.
« Le sacrifice qui de toutes parts est tendu avec des fils,
Qui s’étire sur cent et un actes divins,
Ces Pères qui sont venus ici le tissent.
Assis sur le métier tendu : « tisse en avant, tisse en arrière ». Disent-ils. » .(…)
« Quel était le mètre, la récitation inaugurale, l’hymne,
Quand Tous les Dieux offraient le Dieu en sacrifice ?
Le mètre Gayatri était compagnon de joug d’Agni… »
Atharva Veda 7.5
Yajna, le sacrifice du feu, reflète le processus de création cosmique. Extérieurement cela consiste en offrandes au Feu sacré qui purifient l’environnement et attirent les forces Divines. Intérieurement cela correspond à une pratique de Yoga qui équilibre Agni et Soma (Feu et Eau), Celui qui perçoit et Celui qui est perçu en nous. Yajna met en œuvre tous les pouvoirs de l’Univers et peut être utilisé pour réaliser tous les buts de la vie de la santé à la libération, c’est donc un moyen important de guérison.
Concrètement, les yajnas externes consistent en offrandes de diverses substances de bois, de ghee, de lait, de riz dans le feu sacré. Les yajnas internes consistent en offrandes intérieures du verbe, par les mantras, du souffle par Pranayama, et du mental, par la méditation, à notre feu intérieur. Mantra, Pranayama et Méditation constituent les yajnas intérieurs. Mais toutes les pratiques de Yoga sont une forme de Yajna.
Voici ce que plusieurs grands maîtres expriment à ce sujet.
BKS Iyengar (Dans « La voie de la paix intérieure »)
« Ne pensez pas qu’asana ne se rapporte qu’à l’enveloppe physique. Les trois enveloppes, celle du corps-annamaya kosha, de l’énergie – pranamaya kosha et de l’esprit-manomaya kosha sont totalement impliquées les unes par rapport aux autres. »
« L’asana est une offrande sacrée. »
« Vous devez faire l’asana avec votre âme. »
« C’est le Prana qui enflamme le combustible de la volonté et permet à l’éveil de se propager et de passer dans tous nos systèmes. »
« Prana, c’est le véhicule de l’éveil. »
« L’art de respirer judicieusement est une prière de gratitude. »
Swami Satyananda (Dans « Liberté »)
Swami Satyananda commentant les Sutras, parle de Tapas. « Tapas est utilisé non pas dans le sens d’austérité ou de pénitence, mais dans le sens de chaleur. Cette chaleur peut être générée par le pranayama, par le hatha yoga, par les mudras et les bandhas, par la conscience mentale, par brahmacharya ou ahimsa. Ce n’est pas seulement une chaleur physique, c’est en même temps une chaleur pranique, une chaleur mentale ou une chaleur spirituelle. »
Paramhansa Yogananda (Dans « L’essence de la réalisation du Soi »)
« ..Le Seigneur infini reste invisible derrière Sa création, même si, comme la vapeur d’une machine à vapeur, c’est Son énergie qui fait tout fonctionner. Notre dévotion permet toutefois, en Le condensant, de le rendre visible sous forme d’une lumière intérieure que l’on peut contempler au cours de la méditation ».
Mère (Dans « La voie ensoleillée »)
« Ce n’est pas en vous enfuyant du monde que vous allez le changer. C’est en y travaillant, modestement, humblement, mais avec une flamme dans le cœur, quelque chose qui brûle comme une offrande ».
Je rends hommage à ces maîtres et à tous les autres, la liste eut été longue, qui ont compris les enseignements Traditionnels et ont consacré leur vie à les retransmette.
Le Yajna le plus élevé est l’Atma-Yajna où l’on remet son égo au Soi, Agni est ici le feu sacré du cœur. Le cœur est pour les Vedas le siège du Soi, il y est symbolisé par une flamme de la taille d’un pouce.
Cette flamme dans notre cœur c’est nous, notre être véritable, un pouvoir et une présence qui permettent à notre corps et à notre mental de fonctionner. C’est notre feu originel qui contrôle tous les autres feux en nous. C’est la lumière de la vérité, le feu latent de notre âme qui accompagne le processus de transformation.
Voici comment Agni est célébré en tant que Deva suprême et universel, on en voit ici les formes diverses :
« Tu es Varuna, seigneur de la vastitude, ô Agni, quand tu nais ; tu deviens Mitra, seigneur de l’amour, quand tu flambes haut ; en toi sont tous les dieux, ô fils de la Force; tu es Indra, le Pouvoir dans le mental, pour le mortel, donneur d’oblations. Et tu deviens Aryaman, pouvoir de l’Aspiration, ô toi, mainteneur de la loi de la Nature. »
En tant qu’Indra, c’est l’intelligence éclairée qui façonne les formes de pensée ou d’action justes ou parfaites. C’est le Pouvoir du mental, libéré des limites et de l’obscurité.
Agni se révèle à nous, c’est le feu purificateur mais également le guide de l’âme sur la voie de la Béatitude. Sa volonté dans le mental clarifie celui-ci par l’aspiration. Il est par le pouvoir de volonté qu’il crée, responsable des actions humaines. Il est la volonté de Prana, l’énergie de vie dynamique, le Feu qui prépare et assimile et c’est l’ardeur. Il s’élève toujours plus haut et guide les énergies actives vers la lumière. Son divin lieu de naissance est la Vérité, l’Infinité, l’Intelligence cosmique où sont unifiées connaissance et force. C’est dans cet accomplissement que s’effectue et culmine le sacrifice védique, la transformation, symbole de l’activité cosmique et individuelle devenue consciente de soi.
Les textes védiques sont les véhicules d’une sagesse profonde dont la trame est finement mêlée à tous les aspects de la vie. Les Vedas sont infinis et éternels. Selon Manu, le premier homme yogi et sage qui a connu l’illumination, par la pratique du Yoga en cultivant son feu sacré :
« Le Feu Sacré, le premier prophète, apporte les Dieux aux personnes qui les cherchent. »
Agni est le messager rapide qui assure les communications entre la terre et le ciel, entre les hommes et les dieux à qui il fait parvenir les hymnes et les prières, qui leur porte sur ses flammes les offrandes de leurs adorateurs.
« Je chante Agni, le chapelain
Le Dieu du sacrifice, le prêtre,
L’oblateur qui nous comble de dons.
Lui qu’ont chanté les prophètes,
Nous le chanterons nous aussi;
Puisse-t-il guider les Dieux jusqu’à nous! »
Rig Veda 1.1
« O Agni, tu es l’étendard vibrant des Dieux,
Tu connais tous les prestiges poétiques.
Maître commun de maison, tu as hébergé les hommes,
Et maintenant cocher heureux, tu pars avec les Dieux. »
Rig Veda 3.1
EN CONCLUSION
Le rituel de Yajna est un processus de guérison qui conduit à restaurer l’intégrité de la conscience divine qui a pénétré en nous et qui s’est ensuite fragmentée par les actions du mental, du corps et des sens. Le but du Yajna védique est de guérir, retrouver l’être cosmique qui s’est divisé pour actualiser le monde. C’est la réintégration, l’union du créateur et de sa création, du Divin et de l’âme, le fondement du Yoga dont les pratiques permettent de le réaliser.
Je vous invite à saluer l’âme du monde, en vous et en chacun, l’essence unique de toutes les existences, si multiples et si diverses soient-elles.
« Ce qui réside dans les profondeurs de mon cœur est pIus petit qu’un grain de riz, plus petit qu’un grain d’orge, plus petit qu’un grain de moutarde, plus petit qu’un grain de millet, plus minuscule que l’intérieur d’un grain de millet. Cela est plus grand que la terre; plus grand que le ciel, plus grand que le monde des dieux et plus vaste que tous les univers. »
Extrait du CHANDOGYA UPANISHAD
Je remercie mes auditeurs pour leur attention et la qualité de leur présence lors de la conférence donnée au colloque de la Fédération Francophone de Yoga le 13 octobre 2008 (dont cet article est extrait) et vous, mes lecteurs, qui avez eu la patience de me lire. Je souhaite à tous les plus hautes réalisations dans la merveilleuse voie du Yoga.
Namasté
Swami Madhurananda